En écoute : “Carnage”, le nouvel album de Nick Cave et Warren Ellis

Article publié sur fip.fr

Le rockeur australien retrouve son complice des Bad Seeds sur un disque inédit enregistré durant le confinement.

Warren Ellis et Nick Cave (Joel Ryan)

Jusqu’où ira Nick Cave ? Il y a dix-huit mois de cela, ce grand rockeur offrait avec Ghosteen une suite profonde à son projet précédent, un album magnifique et torturé inspiré par la disparition tragique de son fils de 15 ans. Les douleurs de l’existence n’étaient pas absentes de cette suite au long cours enregistrée avec ses fidèles Bad Seeds, mais elles côtoyaient aussi une forme de bienveillance éthérée où la voix de Cave se paraît d’une beauté sans égal.

Happé comme les autres par le choc de la pandémie, l’Australien a dû se résoudre à reporter la tournée mondiale initialement prévue l’an dernier pour Ghosteen. Au creux de l’été et alors que les salles restaient fermées, il enregistrait encore dans le grand hall d’un illustre palace londonien un show magnifique en piano solo baptisé Idiot Prayer. Beaucoup l’ignoraient encore à cette date, mais le songwriter avait déjà mis en boîte un nouveau disque durant les longues semaines qu’avait duré son propre confinement.

C’est ce Carnage qu’a dévoilé Nick Cave il y a quelques heures, un album composé en duo avec son inoxydable complice Warren Ellis, figure des Bad Seeds et de Grinderman. Pour la première fois d’ailleurs, ce n’est pas pour l’écriture d’une bande originale que les deux musiciens sont rentrés en studio mais bel et bien pour composer leur propre bande-son d’une époque tourmentée. « Un disque brutal, mais très beau, niché dans une catastrophe collective », d’après Nick Cave cité par un communiqué.

Huit compositions forment ce nouvel album au fil desquelles l’intention contemplative est marquée, et semble se nourrir de l’improvisation assumée qui a guidé les deux hommes en studio. A l’introduction spectrale d’un Hand of God succèdent ainsi les cordes insaisissables d’un Old Time où le rockeur apparaît en quasi-transe. Plus solennel et même choral sur Carnage auquel l’album emprunte son titre, l’Australien fait surgir la noirceur sur la première moitié de White Elephant où, de nouveau, le rock cède la place à une production bien plus équivoque. C’est pourtant dans la simple euphorie d’un lever de soleil que s’achève ce nouveau disque de Nick Cave, un Balcony Man final où résonnent ses espoirs autant que ses mirages.

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