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Le port du masque n’est pas toujours respecté dans les bars de Bordeaux. © Crédit photo : ILLUSTRATION CELIA SOMMER
Des agents de la brigade des débits de boissons patrouillent régulièrement afin de s’assurer du respect des règles sanitaires dans les établissements de nuit. Ils font souvent face à des comportements répréhensibles.
“Non ce n’est pas possible ! C’est vraiment ce qu’on ne voulait pas voir” : Stéphane, officier de la brigade des débits de boissons, contemple plus de 200 personnes qui dansent un verre à la main dans un grand pub du centre de Bordeaux. “Remettez vos masques !” lance le portier de l’établissement, encore sous l’effet de surprise de l’irruption soudaine des policiers en brassard vers 23 heures.
“Regardez l’inconscience à laquelle on doit faire face” en pleine épidémie de Covid-19, déplore Stéphane qui l’accompagne avec son coéquipier Jean-Marc, ainsi que Bruno, de la police municipale. Avec la crise du Covid, la brigade des débits de boissons de la Sûreté départementale a dû adapter ses interventions et se focalise désormais sur le respect des consignes sanitaires imposées par les décrets ministériels.
Bar bondé, pas de masque
“Les boîtes de nuit sont interdites car les clients ne peuvent plus danser et doivent rester assis à leurs tables en ne circulant que masqués. Alors certains pubs ont des DJ et oublient le danger Covid”, constate le fonctionnaire. Les policiers ressortent pour discuter avec l’un des propriétaires. “Il y a des clients qui sont debout et dansent. Beaucoup ne portent pas de masques et l’intérieur est si bondé que personne ne respecte la distanciation. On vous a pourtant mis en garde à plusieurs reprises”, lance Stéphane au patron qui reste impassible même quand le policier lui fait signer son procès-verbal. La sanction peut aller du simple avertissement à l’interdiction d’ouverture au public pour un maximum de 6 mois.
L’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine vient pourtant de mettre en garde contre “une intensification de la circulation” du virus. “Des cafés, on en a fermé et d’autres sont en cours de fermeture. Cinq à ce jour ont fait l’objet de fermeture”, soulignait mercredi devant la presse la préfète de Nouvelle Aquitaine. “80-90% des responsables des établissements sont sérieux”, a nuancé Fabienne Buccio, expliquant que les autorités ciblaient ceux qui étaient “mauvais joueurs”. Il est près de minuit et les trois agents repartent à bord de leur voiture banalisée en direction de leur quatrième établissement à contrôler en cette nuit estivale.
1 500 contrôles annuels
La prochaine “cible” est un bar à chicha dans une zone industrielle bordelaise. “Ne passe pas devant la sécurité et gare-toi derrière”, propose Stéphane à Jean-Marc, qui conduit sans stress après 6 années passées à la Brigade Anti Criminalité. Les policiers enfilent leurs brassards même s’ils sont connus de tous les établissements avec leurs 1 500 contrôles annuels. Trois colosses qui sécurisent l’établissement tentent de stopper les fonctionnaires avant de s’effacer devant les insignes. L’un des agents de sécurité avertit à la radio les responsables, mais en vain car les policiers poussent déjà la porte.
Dans une salle tamisée, une vingtaine de personnes sont au rez-de-chaussée, sans masque. Certains y vont de leurs bouffés de fumée. “Je peux voir la salle fumoir ?”, demande Stéphane au propriétaire qui fait profil bas devant le policier qu’il semble bien connaître. Le fumoir est en règle avec un petit souci : il est déserté par les fumeurs de chicha. “Vous allez prendre cette convocation. Je vous avais prévenu et à quoi bon construire un fumoir pour laisser les gens fumer dans une zone interdite ?”, sermonne le policier.
De son côté, Bruno de la police municipale constate des infractions et remet aussi une convocation au patron. Toute la nuit, les policiers de la brigade des débits de boissons continuent leurs contrôles, conscients de jouer aujourd’hui un rôle primordial pour la santé publique. “On sait que les regroupements favorisent la pandémie, alors on fera tout pour faire respecter les lois et mesures d’urgence sanitaire liées au Covid-19. On a procédé à plusieurs fermetures pour non-respect des décrets Covid. Et, on va intensifier les contrôles car des vies sont en jeu”, insiste Stéphane.