Article publié sur next.liberation.fr
Le distributeur indépendant basé à Marseille propose depuis quelques jours une plateforme de visionnage par abonnement, selon un modèle qui ne cesse de faire des émules.

Vincent Macaigne dans la Fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko (2013). Photo Scratch
Le premier confinement a vu fleurir une offre de films d’auteur disponibles en streaming jamais vue auparavant, en marge de la progression ravageuse de Netflix ou Disney +. Ainsi, de la Cinémathèque Française (qui en a profité pour accélérer la mise en ligne d’«Henri» et faire de la programmation à distance selon un modèle gratuit) à Mubi (pionnier dans le genre) en passant par la Cinétek (films à la location ou à la vente, sélectionnés par des réalisateurs-prescripteurs) et jusqu’à Carlotta (qui a lancé en mars 2020 son «vidéo club» de films de patrimoine), le spectateur du soir, toujours plus confiné, est comblé jusqu’à l’embarras de films à voir et à revoir. C’est dans ce contexte que Shellac, distributeur et éditeur de films réputés pointus et d’auteurs précieux (de Tabou de Miguel Gomes à Martin Eden de Pietro Marcello) lance son «Club». «C’est un projet beaucoup plus ancien que le Covid, explique Thomas Ordonneau, le patron de Shellac. Nous sommes partis du constat que certains films n’ont plus leur place dans une chronologie des médias classique, qu’ils disparaissent des salles et des radars beaucoup trop rapidement.»
La spécificité du Club Shellac (1) sera l’éditorialisation de l’offre, avec des films mis en ligne par programme – pour commencer, trois films sur Marseille dont le très beau film homonyme d’Angela Schanelec, ou les trois épisodes des Mille et une nuits du Portugais Miguel Gomes : « Nous croisons des catalogues et des pays, on ne se limite pas à des monographies, on enrichit chaque film par la vision d’un autre film», précise Thomas Ordonneau. Quitte à se retrouver avec des films d’Emmanuel Mouret disponibles à la fois sur Arte.tv (gratuitement) et dans le club Shellac ? Oui, mais pas forcément les mêmes, et la redondance sera le corollaire d’une palette toujours plus complète, qui permettra au cinéphile déterminé de se concocter, en recoupant les sources, de véritables rétrospectives.