Randonnée dans le Périgord Noir : 4 belles balades à faire entre foie gras et foulées légères

Patrimoine, gastronomie, et nature éclatante entre chênes (nombreux) et châtaigniers (un peu) : la magie du Périgord noir stock.adobe

Le Périgord noir est un petit paradis pour les randonneurs : entre ambiances médiévales, vallées verdoyantes et promontoires rocheux, l’escapade tourne vite à l’admiration des paysages.

Ses sombres bois de chênes verts qu’on voit courir jusqu’à l’horizon lui ont donné sa couleur. Le Périgord noir transpire une ruralité épicurienne et bonhomme pimentée d’Histoire et d’inoubliables gueuletons. La marche et les quelques dépenses caloriques qu’elle génère atténuent ( un peu) le sentiment de culpabilité lorsqu’on se met ventre à table pour savourer les joyaux de son incomparable terroir.

Randonnée 1 : Balade apéritive à Sarlat

La très animée Sarlat-la-Canéda. Pour notre itinéraire, mieux vaut partir aux aurores. Thomas Launois

Chaque année deux millions de visiteurs viennent à Sarlat célébrer l’une de ses nombreuses festivités gastronomiques : la truffe est fêtée en janvier, le Sarlat Fest’Oie anime le mois de mars avant les journées du terroir en mai. Enfin en septembre, les journées du goût et de la gastronomie sont le prétexte pour déguster l’agneau grillé accompagné des pommes de terre sarladaises. Pour goûter pleinement la quiétude de ses ruelles médiévales, pourquoi ne pas faire un tour de la ville à l’heure où tous les chats sont gris avant de se mettre à table ? Point de départ de cette petite boucle noctambule, la maison natale d’Étienne de la Boétie sur la place du Peyrou est l’exemple parfait de la résurrection de Sarlat, sauvée par la loi Malraux de 1966. Sur les cartes postales du début du XXe siècle, la bâtisse, construite en 1520 par le père de l’écrivain, menaçait ruine. Aujourd’hui, elle a retrouvé ses larges baies à meneaux encadrées de pilastres et toute l’élégance de la Renaissance italienne.

En face s’ouvre le porche de la cathédrale Saint-Sacerdoce surmonté de son clocher roman. En cette heure tardive, les lourdes portes sont closes et il faut faire le tour par la rue Tourny et la cour des Fontaines, mais pendant la journée on pourra passer par le sanctuaire et jeter un œil sur le bel orgue en nid d’hirondelle du XVIIIe suspendu au-dessus de l’entrée avant de ressortir par la cour du Cloître. La promenade se poursuit par un lacis de ruelles et de venelles tortueuses, de placettes paisibles bordées d’hôtels particuliers aux toits de lauzes. Les réverbères allument la pierre des édifices de lueurs blondes. La place de la Liberté, où se tient d’habitude le marché, puis l’ancienne église Sainte-Marie transformée en marché couvert par Jean Nouvel, rappelle qu’il est bientôt l’heure de découvrir les fleurons de la gastronomie périgourdine, foie gras, truffes, cèpes, figues, gâteaux aux noix, les enchauds, les grillons… et autres confits. Encore un peu de patience : il reste encore la place du Marché aux Oies et les vieux remparts à visiter avant de gagner le restaurant…

  • Notre adresse coup de cœur

Le Bistro de l’Octroi. À l’entrée nord de Sarlat, dans une maison en pierre de taille de 1830 assortie d’une large terrasse, Gérard et Maryline Lasserre, ne se contentent pas des classiques omelettes aux girolles et aux cèpes, mais proposent une grande variété de plats sans pour autant tourner le dos à la cuisine régionale. Menu à 15 € (entrée + plat ou plat + dessert) avec verre de vin et café compris (le midi seulement), 24 € et 38 €. Tél.: 05 53 30 83 40.

Sarlat, cité médiévale, la randonnée en pratique.

  • 1h30 > 1,5 km > +20 m / -20 m > Balisage jaune
  • Carte IGN 2036 ET, Sarlat/Souillac/Vallée de la Dordogne
  • Départ : devant l’Office du tourisme, place du Peyrou. Point GPS : 44,887845 / 1,217954
  • Descriptif : Rando n°15 du Topoguide Les terroirs gourmands de la Dordogne…à pied, Ref D241

Randonnée 2 : Comme un petit goût de châtaigne

Les halles de la Bastide de Villefranche-du-Périgord. Christophe Migeon / Le Figaro

Avant de filer ventre à terre le long de cet itinéraire placé sous le signe du châtaignier, on ne perdra pas son temps à inspecter les halles, édifice central de la bastide de Villefranche-du-Périgord fondée en 1261 par le petit frère de Saint-Louis. Au-dessus des colonnes galbées rappelant le fût des colonnes toscanes, s’étire le réseau arachnéen d’une charpente en bois de châtaignier, essence connue pour sa résistance aux insectes et champignons. Les chanceux qui viendront à l’automne, notamment en octobre, pourront y trouver de beaux cèpes à 10 € le kilo ! En remontant la longue rue Notre-Dame depuis l’église, on passe devant la Maison de la châtaigne, sympathique petit musée à la pointe de la technologie, qu’il est toujours possible de visiter au retour.

Au milieu des châtaigniers. Heinz Waldukat

Au bout de la rue, tourner à droite sur la Place des Cayres et descendre dans le vallon par une petite route. Après avoir traversé la départementale, le chemin s’enfonce sous la longue et lente houle des châtaigniers. Beaucoup ont déjà été exploités et ont fait place à un taillis de « codres », ces rejetons repoussant depuis le pourtour d’une souche. Tout en shootant dans les bogues éclatées, on se souvient que les châtaignes naguère nourrissaient les hommes et les bêtes durant tout l’hiver. Sur le Domaine de Rapatel, à un kilomètre à peine de Bourifaut, Tanguy et Isabelle de Rosanbo cultivent « l’arbre à pain » sur leur verger de six hectares. La moitié de la récolte, entièrement triée à la main, est réduite en farine dans le petit moulin cévenol en bois. Le reste fait de succulentes confitures, crèmes de marron, soupes, liqueurs et autres douceurs qu’on a bien du mal à fourrer dans le petit sac à dos.

Notre adresse coup de cœur

Domaine de Rapatel. Pour tout connaître de la castanéiculture, du greffage de l’arbre, de l’entretien des vergers en passant par la récolte des fruits jusqu’à la transformation en farine (moulin à châtaigne) et la confection des biscuits. Visite du moulin cévénol sur RDV. Tél.: 05 53 30 44 05, http://www.chataigneduperigord.fr

Boucle de la Bastide, la randonnée en pratique

  • 3h > 12 km > +180 m / -180 m > Balisage jaune
  • Carte IGN 2038 OT Puy-l’Évêque
  • Départ : aire de pique-nique devant la mairie. Point GPS : 44,62928 / 1,07968
  • Descriptif : Rando n°20 du Topoguide Les terroirs gourmands de la Dordogne…à pied, Ref D241

Randonnée 3 : Bories et gâteaux aux noix

Bouzic. Jean-Michel Deborde

Au risque d’être déçu si l’on aime les huîtres, il ne faut pas confondre Bouzigues dans l’Hérault et Bouzic, dont le marché d’été tenu tous les mardis sous la halle est plus connu pour ses foies gras et ses gâteaux aux noix que pour ses fruits de mer. L’itinéraire quitte le village en direction du cimetière et bifurque juste avant, le long d’un chemin qui part à l’assaut de la colline. Quelques cabanes de pierre sèche aperçues entre les frondaisons des chênes verts viennent pimenter la longue montée. Le Périgord noir recèle à l’orée de ses obscures forêts un patrimoine bâti exceptionnel. Ces abris souvent ronds, construits avec les pierres extirpées de terre par le soc de la charrue, servaient à remiser les outils ou abriter le paysan le temps d’une averse.

Les cabanes de pierres sèches qui jalonnent le parcours. Christophe Migeon / Le Figaro

Depuis les années 1970, sous l’influence de la Provence, les cabanes sont parfois aussi appelées bories, alors que ce terme désignait jusqu’alors une ferme ou un domaine agricole. Indifférent à ces querelles linguistiques, vous tournerez à droite au carrefour du hameau de Moncalou.

Ces coteaux jadis étaient entièrement couverts de vignes, les deuxièmes de Dordogne, après Bergerac, avant que le phylloxera ne les fasse presque entièrement disparaître. Aujourd’hui, une vingtaine d’hectares font revivre le vin de Domme qui a désormais rejoint sur les tables les produits du Périgord. Du haut de la Tour Panoramique, on en aperçoit une partie, devant la silhouette blanche du Plomb du Cantal, à 130 km à vol de corneille. Une fois sur la route, il faut tourner à droite vers Tamières et plus loin juste avant les Balas, ne pas oublier d’emprunter le chemin qui descend sur la gauche entre deux murets effondrés. Les amateurs feront un détour de 200 m vers le Gaussinel pour admirer une belle borie de section carrée. Moncalou et son carrefour ne sont plus qu’à 600 m et de là, c’est une descente sans histoire vers Bouzic.

De Bouzic à Moncalou, la randonnée en pratique

  • 3 h > 9 km > +230 m / -230 m > Balisage jaune
  • Carte IGN 2037 OT, La Roque-Gageac, Domme, Gourdon (Vallée de la Dordogne)
  • Départ : le parking face à la halle. Point GPS : 44,72559 / 1,21996
  • Descriptif : Rando n°18 du Topoguide Les terroirs gourmands de la Dordogne…à pied, Ref D241

Randonnée 4 : Toits de lauze et foies de canards

Saint-Geniès. Zazavig

Murs épais en moellons de pierre dorée, toits périgourdins coiffés de lauzes, nobles bâtiments patinés par le temps et l’Histoire… le centre de Saint-Geniès, situé à mi-chemin entre Sarlat et Montignac, ne manque pas d’allure. Depuis le parking près du lavoir, on passe sous la chapelle du Cheylard, de style gothique, construite en 1327 qui surplombe l’ensemble du village. Il serait dommage de ne pas aller demander les clés à la mairie voisine pour en admirer les fresques sur la vie du Christ et ses saints.

À quelques pas, s’élèvent les chicots du donjon du vieux château, détruit à la fin des guerres de religion. Le château actuel est constitué de deux anciennes maisons de chevaliers à l’origine séparées par une rue pavée, réunies au XVIe siècle. Avec l’église, elle aussi couverte de lauzes, il forme selon les connaisseurs l’un des plus beaux ensembles architecturaux du Périgord. Ce n’est sans doute pas un hasard si l’un des derniers maîtres lauzier de France habite la commune. On quitte à regret ces petits joyaux patrimoniaux pour longer le cimetière et partir à gauche à travers champs.

Après avoir traversé le village de Laboudie et la D704, le chemin longe la ferme des Genestes où la famille Mazet élève des canards depuis 1920. Difficile de visiter l’élevage depuis l’introduction de nouvelles normes sanitaires, mais les gourmands peuvent toujours profiter du gîte et de son restaurant pour déguster les produits maison. Juste après, le hameau du Rozel et ses toitures de lauzes valent le détour – à peine 200 m – avant de regagner Saint-Geniès par La Pomparie, Le Touron et le château de Pelvezy.

  • Notre adresse coup de cœur

Ferme-auberge des Genestes. Menus de 15 à 30 € avec tout ce que l’on peut imaginer autour du canard (foie gras, gésiers confits, magret, rillettes…). Tél.: 05 53 28 97 71.

Boucle des Combes, la randonnée en pratique

  • 5h > 17 km > +330 m / -330 m > Balisage jaune
  • Carte IGN 2036 ET, Sarlat/Souillac/Vallee de la Dordogne
  • Départ : le parking près du lavoir à Saint-Geniès. Point GPS : 44,99408 / 1,25366
  • Descriptif : Rando n°11 du Topoguide Les terroirs gourmands de la Dordogne…à pied, Ref D241

Pour en savoir plus :

FFRandonnée Dordogne. Tél.: 05 53 53 71 46, http://www.rando24.com

Comité Départemental du Tourisme de la Dordogne. Tél.: 05 53 35 50 24, http://www.dordogne-perigord-tourisme.fr

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