Article publié sur lesechos.fr
Le variant Omicron du Covid-19 présente un nombre très important de mutations qui le rendrait extrêmement contagieux. En revanche, les premiers cas observés présentent des « symptômes légers » selon l’Association médicale sud-africaine.

Le variant Omicron a fait souffler un vent de panique tout autour de la planète, mais qu’en sait-on réellement ? Il a été identifié par les chercheurs sud-africains de l’institut de recherche KRISP, adossé à l’université du Kwazulu-Natal et dirigé par le virologue Tulio de Oliveira. Omicron présente un nombre « extrêmement élevé » de mutations et « nous pouvons voir qu’il a un potentiel de propagation très rapide », a déclaré jeudi le virologue.
L’Organisation mondiale de la santé l’a classé vendredi comme « préoccupant ». Près des trois quarts des cas de Covid signalés récemment en Afrique du Sud sont dus au variant Omicron. Le taux de positivité quotidien de Covid a augmenté rapidement cette semaine, passant de 3,6 % mercredi à 6,5 % jeudi puis 9,1 % vendredi, mais les chiffres restent cependant bas, autour de 3.000 nouveaux cas positifs ces derniers jours.
Le 25 novembre, des cas avaient été détectés à Hong Kong et au Botswana. De nombreux autres pays ont suivi depuis.
Le variant Omicron présente « le plus grand nombre de mutations que nous ayons vues à ce jour », a expliqué à l’AFP Mosa Moshabela, professeur et chargé de recherche et d’innovation à l’université du KwaZulu-Natal. Dans la protéine spike, clé d’entrée du virus dans l’organisme, les chercheurs ont observé plus de 30 mutations par rapport au virus original (le variant Delta n’en comptait que huit).
Propagation facile et rapide
« Certaines ont déjà été observées, comme dans les Delta et Beta, d’autres nous sont inconnues […] et nous ne savons pas comment cette combinaison de mutations se traduira, » poursuit Mosa Moshabela. Et d’ajouter : « Certaines des mutations qui sont exprimées ont précédemment montré qu’elles permettaient au virus de se propager facilement et rapidement. Pour cette raison, nous soupçonnons que le nouveau variant va vite se propager », explique le professeur Moshabela.
Les cas de réinfection sont « plus nombreux que lors des vagues précédentes » suscitant une interrogation sur l’efficacité des vaccins face à ce variant. Cette incertitude contribue à la panique. « Il nous faudra quelques semaines pour comprendre l’impact de ce variant sur tout vaccin potentiel », a déclaré Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS pour le Covid-19.
Gravité incertaine
Il y a une autre grande inconnue : la gravité d’une infection à l’Omicron. La présidente de l’Association médicale sud-africaine, Angelique Coetzee, qui a traité une trentaine de patients Omicron dans son cabinet de Pretoria, tient des propos rassurants. Elle évoque des « symptômes légers » – « une fatigue extrême », des courbatures, une toux sèche ou « une gorge qui gratte » – qui n’ont nécessité, pour l’instant, que des convalescences sans hospitalisation. « Je ne dis pas que qu’il n’y aura pas de maladies graves » mais « pour l’instant, même les patients que nous avons vus qui n’étaient pas vaccinés ont des symptômes légers », souligne-t-elle.