Covid-19 : le Royaume-Uni envisage de retarder la fin du confinement

Article publié sur reveil.courrierinternational.com

Le variant indien va-t-il faire dérailler le calendrier du déconfinement au Royaume-Uni ? La décision n’est pas encore prise mais la brusque remontée de la courbe des infections, confirmée ce week-end, met la pression sur le gouvernement de Boris Johnson.

“La levée programmée des restrictions liées au coronavirus est menacée”se lamente ITV. Selon des indiscrétions officielles, “un report de deux semaines est envisagé par le gouvernement”, précise samedi la chaîne britannique.

Le 21 juin, début officiel de l’été, devait également marquer pour les Britanniques la fin des restrictions – comme le port du masque ou la distanciation sociale. Finalement, il leur faudra peut-être attendre le 5 juillet, et les masques pourraient rester obligatoires plusieurs semaines encore après cette date.

Un haut fonctionnaire étroitement impliqué dans la gestion du coronavirus a expliqué au Financial Times que “diverses options étaient sur la table, parmi lesquelles un report de la quatrième et dernière phase du déconfinement, et des aménagements dans les mesures” de protection.

Mais un proche du Premier ministre Boris Johnson – qui affirmait encore en début de semaine que “rien” ne pouvait perturber le calendrier prévu – a assuré au quotidien économique que la décision n’avait pas encore été prise. “Pour l’instant, rien dans les chiffres ne nous pousse à changer nos plans”, a-t-il dit.

Remontée des infections

Les scientifiques du groupe Independent SAGE, qui conseille le gouvernement dans sa gestion du coronavirus, ne sont pas de cet avis, et ont envoyé une lettre à M. Johnson l’exhortant à ne pas rouvrir le Royaume-Uni trop vite, rapporte The Independent.

“Nous avons aujourd’hui un variant dominant qui se répand de façon exponentielle, qui est plus contagieux, plus résistant aux vaccins et probablement plus agressif” que le variant britannique, explique l’une des membres du groupe, la mathématicienne Christina Pagel.

Le variant indien (baptisé Delta), hautement contagieux, provoque aujourd’hui davantage d’infections que le variant britannique (Alpha), selon les dernières données officielles. Il est la cause principale de la brusque remontée de la courbe d’infections.

Selon les chiffres publiés mercredi par l’Office national des statistiques, les niveaux d’infection ont augmenté de 75 % en une semaine, avec 85 600 personnes contaminées durant la semaine s’achevant le 29 mai, contre 48 500 la semaine précédente.

La journée de vendredi a par ailleurs affiché le plus haut nombre de nouveaux cas confirmés de Covid-19 en 24 heures depuis la fin mars, avec 6 238 malades – un chiffre qui a légèrement décru samedi, avec 5 765 nouvelles infections, mais encore 13 morts.

“Insensé”

À la vue de ces chiffres, “les risques sont très grands” et il serait “insensé” de vouloir déconfiner à tout prix le 21 juin, estime le professeur Stephen Reicher, cité par The Guardian. Les chiffres sont plus importants que les dates, dit-il : “Quand on s’accroche aux dates, on se retrouve pieds et poings liés, et je pense que c’est ce qu’a fait le gouvernement”.

Ces mêmes chiffres sont analysés de façon plus optimiste par certains experts. Chris Hopson, qui dirige NHS Providers, la fondation regroupant l’essentiel des hôpitaux anglais, remarque pour la BBC que le nombre de patients contaminés par le variant indien augmente, mais “pas de façon très significative” et qu’à ce stade, les services hospitaliers ne risquent pas l’engorgement.

C’est cet argument, doublé de l’efficacité de la campagne de vaccination britannique, qui pousse The Telegraph à réclamer le maintien du déconfinement au 21 juin, estimant que le variant indien “est arrivé trop tard pour constituer un problème sérieux”.

Le quotidien conservateur ne nie pas la possibilité d’une troisième vague – “la vague de sortie” – mais affirme qu’elle sera “modeste” car le pays est “déjà suffisamment près de l’immunité collective, que ce soit par la vaccination ou par l’immunité acquise par les plus jeunes guéris du Covid”.

Au 3 juin, près de 50 % des Britanniques étaient complètement vaccinés, et le gouvernement a promis d’accélérer encore le rythme dans les prochaines semaines.

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