GreenGo : pour voyager dans nos régions plutôt qu’au bout du monde

Article publié sur franceculture.fr

Demain l’éco |Lancée en février dernier, GreenGo est une plateforme de réservation d’hébergements éco-responsable qui se veut être une alternative française et équitable à Booking.com et Airbnb. Ses 4 jeunes fondateurs plaident pour un tourisme à faible impact environnemental.

La Fuste dans le Puy de Dôme en Auvergne, hébergement inscrit sur GreenGo

Ils sont nés avec le tourisme de masse, l’ouverture des frontières, les voyages low cost et les plateformes de réservation. Guillaume Jouffre, jeune polytechnicien, et ses trois associés ne sont pas encore trentenaires qu’ils reconnaissent avoir chacun déjà explosé leur quota carbone pour des décennies rien qu’en voyage en avion.

Si l’on s’en tient au dernier rapport du Giec pour limiter le réchauffement climatique sous le seuil des 1,5 ° nous ne devrions pas excéder 2 tonnes d’émissions de Co2 par an et par personne soit à peu près l’équivalent d’un vol Paris New York aller/retour par an. “Quand j’ai fait le calcul, j’ai réalisé que j’avais déjà consommé 30 ans de quota carbone !” avoue Guillaume Jouffre, le directeur général de GreenGo, poussant l’honnêteté à raconter qu’il ne connaissait même pas il y a peu l’Aveyron. 

L’industrie du tourisme est toujours prompte à nous faire croire qu’il faut aller loin pour voir de beaux paysages et trouver des lieux insolites. Notre mission sera de prouver que l’on peut aussi les trouver tout près de chez nous. Nous voulons donner aux gens l’envie de voyager plus local et plus responsable.

Si la tendance de l’éco-tourisme n’est pas nouvelle, elle s’est accélérée avec la pandémie, ce qui a encouragé les 4 jeunes, alors salariés, à quitter leur emploi pour se lancer et créer en février dernier leur projet de plateforme. 

Un outil de transition écologique

Leurs économies de jeunes salariés, 10 000 euros chacun, et un prêt de 30 000 euros contracté auprès de la BPI comme amorçage, l’équipe de GreenGo s’est mise en tête de dénicher ce qu’elle appelle des pépites, autrement dit des hébergeurs de qualité et respectueux de l’environnement. 

Guillaume Jouffre dans la cabane dans les arbres chez Patricia au coin des Granges à Bio dans le Lot• Crédits : Annabelle Grelier – Radio France

Elle a développé un outil de mesure d’empreinte carbone qui s’appuie sur 10 critères fondamentaux comme une bonne isolation du logement, l’emploi d’ampoules basse consommation et produits d’entretien écologique, la pratique du tri des déchets, une cuisine fait maison avec des produits locaux ou bio ou encore la mise en place de dispositif d’économie d’eau. 

Ce ne sont pas des critères punitifs, prévient Guillaume Jouffre. C’est plus un engagement pour progresser. On a voulu développer notre méthode pour offrir un outil de transition utile et gratuit pour les hébergeurs qui soit aussi gage de transparence pour les voyageurs.

Le site indique également la gare la plus proche puisque il s’agit d’encourager les voyageurs à utiliser des moyens de transports le plus propre possible, ils pourront également connaître l’empreinte carbone d’une nuit d’hébergement.    

Il s’agit vraiment de développer des voyages qui polluent peu et qui ont une faible empreinte carbone, sans sacrifier pour autant le plaisir. Notre objectif est de réconcilier la qualité du voyage avec le respect de l’environnement

Depuis le lancement, en trois mois seulement, ce sont 450 hébergeurs qui se sont inscrits sur le site de GreenGo qui a enregistré quelques 30 000 euros de transactions. L’objectif serait d’atteindre au moins les 1 000 hôtes à la fin de l’année.

Une alternative responsable à Airbnb

A terme, lorsqu’elle aura atteint une taille critique d’hébergeurs et de voyageurs, soit un volume d’offre et de demande conséquent, GreenGo espère pouvoir monter sa plateforme et son application sur le modèle d’Airbnb ou plutôt le contre-modèle, à en croire son co-fondateur. 

Le Domaine Pont Roche en Bourgogne

Quand la plateforme américaine prélève 18 à 20% de commission sur chaque transaction, le site français lui en prélève moitié moins, soit pas plus de 10%.

Nous pensons qu’il est possible de développer des modèles différents, plus équitables. Airbnb profite de sa position dominante pour fixer ses prix que l’on juge bien trop élevés, nous souhaitons instaurer une juste rémunération des hôtes et un juste prix du voyage pour le voyageur. De plus, l’entreprise qui a installé son siège européen en Irlande pratique l’évasion fiscale. Nous, nous paierons bien sûr nos impôts en France.

Au sein de l’équipe de GreenGo qui s’est étoffée de 3 alternantes et un stagiaire, les compétences ne manquent pas : ingénieurs et développeurs comptent bien s’atteler au défi technologique de créer une application où chaque hôte pourra lui-même s’inscrire et poster son annonce. Mais la start up n’en est pas là pour le moment, elle opte pour un développement raisonné.

Nous voulons être une entreprise à taille humaine et surtout prendre le temps de créer un service et une relation de qualité avec nos clients. Nous ne voulons pas sacrifier l’argent aux valeurs. Je pense que c’est ça qui fera notre différence.

Pour Guillaume Jouffre, il est surtout urgent de trouver des solutions pour réduire l’empreinte carbone du tourisme. La mission reste ambitieuse quand on sait qu’il est responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont les 3/4 sont dus aux transports et 20 % aux logements. Pour le moment, la jeune pousse a visé juste et bénéficie ce printemps d’un véritable engouement des voyageurs pour des destinations locales. Mais est-ce dû au confinement et à ses restrictions ou à une véritable prise de conscience ? Pour GreenGo, c’est un double pari sur l’avenir ! 

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