Covid: pour sauver son industrie du tourisme, la Thaïlande va rouvrir en février

Article publié sur lesechos.fr

Le pays qui accueillait plus de 40 millions de visiteurs par an avant la pandémie de Covid-19 espère voir arriver 8 millions de voyageurs cette année dans le cadre d’un programme d’accueil sans quarantaine. Le gouvernement y voit le seul moyen de relancer sa croissance.

Après avoir brutalement refermé ses portes fin décembre pour contenir la progression du variant Omicron, le gouvernement thaïlandais vient d’annoncer qu’il allait de nouveau accepter sur son territoire, à compter du 1er février, les touristes étrangers vaccinés sans leur imposer de quarantaine. « Nous ne pouvons plus fermer nos frontières car les coûts économiques sont trop élevés », a justifié le ministre des Finances, Arkhom Termpittayapaisith. « La réouverture et la gestion de l’épidémie vont devoir aller de pair. »

Après s’être barricadé pendant quinze mois, le pays avait réactivé, le 1er juillet 2021, plusieurs programmes d’accueil et avait ensuite déployé, en novembre, son plan « Test & Go ». Il permettait aux visiteurs étrangers vaccinés d’obtenir un visa permettant de circuler librement dans tout le pays après avoir seulement effectué un test PCR à leur arrivée et d’avoir passé une nuit dans un hôtel dédié dans l’attente de leurs résultats.

Un Premier ministre critiqué

L’initiative, qui avait généré une forte poussée des réservations de séjours, avait été, soudain, stoppée le 22 décembre par le Premier ministre, Prayuth Chan-Ocha, alors très critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire. Pour justifier sa décision, il avait pointé la diffusion rapide du variant Omicron dans le pays.

Mais les craintes de l’exécutif auraient été apaisées ces derniers jours. Le royaume enregistre actuellement 8.000 nouveaux cas positifs par jour mais ne constate pas, depuis l’arrivée d’Omicron, d’envolée des cas graves ou des décès – environ une vingtaine par jour – dans une population de 70 millions d’habitants vaccinée à 70 %.

Pointant cette « stabilité », l’exécutif va réactiver le programme « Stop & Go » en février, en y ajoutant un second test PCR de contrôle cinq jours après l’arrivée du visiteur. « Le tourisme est le moteur qui peut permettre de relancer l’ensemble de l’économie le plus rapidement », a déclaré, lors de l’annonce de la réouverture, le ministre du Tourisme, Phiphat Ratchakitprakarn. L’an dernier, le PIB n’a crû que de 1 % dans le royaume.

Déficit de touristes chinois

Le ministre espère que le pays pourra accueillir, sur l’ensemble de 2022, plus de 8 millions de visiteurs qui généreront 480 milliards de bahts (14,6 milliards de dollars) de revenus pour une industrie touristique qui a perdu 1 million d’emplois depuis le début de la crise. Dans leurs projections, ses services ont même évoqué un scénario très optimiste avec 15 millions d’entrées potentielles sur l’année, si les touristes russes, indiens, laotiens ou encore cambodgiens se remettaient soudain à voyager.

Aucun officiel ne mise toutefois sur un retour rapide aux niveaux atteints avant la pandémie. Sur 2019, la Thaïlande avait ainsi accueilli 40 millions d’étrangers, dont les séjours avaient généré 60 milliards de dollars, soit près de 12 % du PIB du pays. Ces flux ne pourraient être atteints que si la Chine, d’où arrivaient avant la crise 25 % des visiteurs entrant en Thaïlande, acceptait une réouverture rapide et complète de ses frontières. Une perspective à laquelle aucun expert ne croit. Empêtré dans sa stratégie « zéro Covid » et handicapé par des vaccins peu efficaces, le régime communiste chinois n’envisage, pour l’instant, aucunement de fluidifier les entrées et les sorties de son territoire.

Yann Rousseau

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