Covid-19. Vers une 5e vague? “Soyons attentifs mais pas alarmistes” estime un infectiologue

Article publié sur ouest-france.fr

Chef du service d’infectiologie du CHU de Rennes, le professeur Pierre Tattevin estime que le rebond du Covid en ce mois de novembre n’est pas annonciateur d’une cinquième vague. Pour lui, il faut se montrer attentif mais pas alarmiste.

Ce n’est pas encore une vague qui déferle mais l’ensemble des indicateurs de suivi de l’épidémie de coronavirus sont orientés à la hausse. Pour Pierre Tattevin, professeur au CHU de Rennes, la situation n’est pas alarmante, mais « un peu préoccupante ». Entretien.

Dans près de soixante départements, le taux de contamination par le Covid-19 a franchi de nouveau le seuil d’alerte des 50 cas pour 100 000 habitants. Comment expliquez-vous ce rebond et est-ce le signe annonciateur d’une cinquième vague ?

C’est vrai que cette remontée du Covid-19 est un peu préoccupante, d’autant que depuis plusieurs semaines, nous étions vraiment à des niveaux très bas de contamination et que nous avions tous recommencé à vivre un peu normalement. Mais elle n’est pas non plus totalement inattendue. Par contre, elle augmente très très lentement et les courbes n’ont rien à voir avec celles que l’on a connues il y a un an. Nous étions avec des pics à 70 000 contaminations et là nous sommes à un peu plus de 6 000. Donc dix fois moins et une évolution beaucoup moins rapide. Ça ne ressemble pas du tout à un début de cinquième vague. Donc il faut rester attentif mais pas être alarmiste.

Selon vos données, ce sont surtout les personnes de plus de 60 ans ou fragiles qui sont de nouveau contaminées. Pourtant, la très grande majorité de cette tranche d’âge a déjà été vaccinée ?

Oui, mais ils l’ont été dès le début de l’année et on estime que la couverture immunitaire pour ces personnes est d’environ six mois. Nous avons donc certainement pris un peu de retard sur la campagne de vaccination de la troisième dose. Il serait souhaitable qu’elles soient de nouveau toutes vaccinées avant l’hiver pour éviter qu’elles fassent des formes graves.

Dans trente-neuf départements, le port du masque va de nouveau être d’actualité pour les enfants qui reprendront l’école après les vacances. Une mesure utile ?

Les pédiatres pourraient sans doute mieux répondre que moi mais on sait que les enfants ne jouent pas un rôle important dans le démarrage des épidémies ou dans la transmission du virus. Ils sont moins contagieux que les adultes quel que soit le variant du Covid. Je pense aussi que le port du masque pour les enfants a vraiment des effets indésirables pour leur développement. Le fait de ne pas voir les visages, de devoir limiter les interactions avec les autres enfants… Je ne suis donc pas persuadé que ce soit une mesure prioritaire alors que l’on enregistre qu’une toute petite augmentation des cas.

Le retour des gestes barrières, parfois abandonnés par une partie de la population, est-il recommandé ?

Nous sommes tous des êtres humains et nous ne sommes pas des machines. Ça fait plus d’un an et demi que nous faisons tous attention et on voit bien que les gens ont commencé à se relâcher un petit peu. Donc cette augmentation des cas doit être l’occasion de se redire que l’on n’est pas encore sorti d’affaires et qu’il faut reprendre un peu mieux le respect des gestes barrières jusqu’à ce que le taux de contamination redescende.

Donc on n’en a pas encore fini avec ce Covid ?

Ce virus n’est pas parfaitement immunisant. Des gens ont fait un Covid et ne sont plus protégés quelques mois plus tard. Donc on va probablement, à titre individuel mais aussi collectif, devoir s’immuniser progressivement. Soit avec des rappels de vaccin dont on devra fixer les intervalles, soit pour certains d’entre nous en l’attrapant. Mais grâce aux vaccins que l’on a eus avant, les Covid seront moins graves.

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