Article publié sur le site Femmeactuelle.fr

@Credit photo institutpaolicalmettes.fr
L’épidémie de Covid-19 n’a pas seulement un impact sur la santé des patients touchés par l’infection. Selon une étude menée par l’Institut Gustave Roussy, elle pourrait être à l’origine d’une surmortalité chez les personnes atteintes de cancer au cours des 5 prochaines années.
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, de nombreux professionnels de santé s’inquiètent d’un phénomène lié à la crise sanitaire : la perte de chance, autrement dit une dégradation de l’état de santé de certains patients faute de soins reçus en temps et en heure.
En cause ? Le report de certains soins liés à la surcharge des établissements de santé ou encore à la crainte des patients d’être contaminés par la Covid-19 en se rendant à l’hôpital. Nombreux sont ceux qui redoutent ainsi une surmortalité pour certaines pathologies, comme les maladies chroniques ou encore les cancers.
Covid-19 : une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5 % à 5 ans
Pour découvrir l’impact de ce phénomène sur les patients atteints de cancer, l’Institut Gustave Roussy a développé un modèle mathématique de simulation. Les résultats de ces travaux ont été présentés au congrès virtuel de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) 2020.
Résultat : le retard de diagnostic de certains patients et de traitement pour d’autres pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5 % à 5 ans, révèle l’étude. Soit 4.000 à 8.000 morts de plus d’ici à 2025 en France.
Ce sur-risque pourrait augmenter en cas de deuxième vague”, précisait l’Institut Gustave Roussy dans un communiqué publié en septembre dernier. Aujourd’hui, la seconde vague a bel et bien commencé, ce qui aggrave d’autant plus la situation.
Cancer : l’importance de ne pas décaler sa prise en charge
Face à cette réalité, le risque de surmortalité chez les patients atteints de cancer pourrait atteindre 4,6%. Et pour cause : “Il apparaît que ce dernier scénario était encore trop optimiste puisque, aujourd’hui, non seulement la pandémie reprend, mais nous n’avons pas récupéré le flux historique de nos patients. Cela signifie que non seulement nos patients diagnostiqués ne sont pas tous revenus pour démarrer ou continuer leurs traitements. Mais nous n’avons pas non plus accueillis les patients qui auraient dû être diagnostiqués depuis”, explique à Rose Magazine Aurélie Bardet, statisticienne en charge de l’étude.
Pour limiter au maximum cette perte de chance, l’Institut Gustave Roussy livre une recommandation essentielle : il ne faut pas décaler sa prise en charge, qu’il s’agisse d’un dépistage ou de traitements. De tels retards pourraient notamment être à l’origine des changements majeurs de pronostics pour les cancers à un stade avancé.