Article publié sur ouest-france.fr
Le calendrier du déconfinement, dévoilé jeudi 29 avril 2021, peine à convaincre les médecins. « Trop tôt » pour les uns, « hasardeux et fondé sur aucune donnée scientifique » pour les autres. Explication avec Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine).

Dans un entretien accordé à Ouest-France , et au reste de la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron a donné le calendrier complet du déconfinement.
Le retour à la vie normale passera par quatre étapes : les 3 et 19 mai, puis les 9 et 30 juin 2021. Au programme : la réouverture progressive des lieux culturels, des terrasses, des restaurants ou encore la levée du couvre-feu.
Un déconfinement « hasardeux »
Une bonne nouvelle pour le moral des Français. Mais pas forcément pour celui des médecins. En tant que personne, je suis soulagé par ce déconfinement
, convient Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes. En revanche, en tant que médecin, je trouve ce déconfinement hasardeux.
Pour étayer son propos, le chef des urgences s’appuie sur les indicateurs de la pandémie de Covid-19. En effet, il y a aujourd’hui, 6 000 personnes en réanimation et 38 000 nouveaux cas par jour. Contre 2 000 patients en réanimation et 3 000 nouveaux cas quotidiens de Covid-19, à l’heure du premier déconfinement.
Trois fois plus de patients en réanimation qu’au premier déconfinement
Pour moi, ce déconfinement est un pari. On travaille au doigt mouillé. L’État ne dit même pas sur quelles données scientifiques il s’appuie pour prendre cette décision
, s’agace Philippe Juvin. Selon lui, la stratégie de ce déconfinement se résume à un ça passe ou ça casse
.
Interrogé dans l’après-midi par RTL, Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, à Paris, estime lui aussi que ce déconfinement arrive trop tôt
. Lui aussi prend en compte la situation des réanimations, toujours surchargées. Peut-être que cela va se stabiliser, mais je ne vois pas par quel miracle
, a-t-il regretté au micro de la RTL.
Un manque de transparence ?
Philippe Juvin reconnaît que cette décision prend également en compte des enjeux psychologiques, économiques ou encore politiques. Mais le maire LR de La Garenne-Colombes dénonce le manque de débat démocratique et de transparence de cette décision.
Tout vient d’en haut, il n’y a pas eu de débat à l’assemblée, la parole des médecins n’a pas été écoutée. On pensait tous qu’il y allait avoir une territorialisation, que c’était l’enseignement d’un an de pandémie. Et on apprend que tout cela disparaît au détour de l’interview.
Vaccination et variants, les inconnues de la pandémie
Évidemment, la vaccination permet peut-être plus de largesse
pour appréhender le déconfinement. Mais le médecin parisien met en garde contre la montée des variants en France. Oui la vaccination peut aider, mais on peut aussi se dire qu’avec les variants il vaut mieux être prudent.
Et ce dernier de rappeler : En janvier 2021, les médecins ont demandé le confinement, ils n’ont pas été entendus et on s’est retrouvés dans la situation actuelle. Cette fois, on voit que les indicateurs de l’épidémie sont au plus haut, et on décide unilatéralement de déconfiner.