Rome confidentielle, cinq visites en dehors des sentiers battus

Article publié sur lefigaro.fr

GUIDE – Pour une seconde escapade dans la ville aux sept collines, osez sortir des sentiers touristiques. Car l’attachante capitale italienne n’est jamais à court de découvertes étonnantes.

La via Appia Antica, les fameuses voies pavées romaines que l’on peut emprunter à vélo (location à côté du Colisée). Adam Eastland / AGF / ROMA CAPITALE

On ne s’ennuie jamais à Rome ! Si le Colisée, le Palatin, le Vatican, la Fontaine de Trévi, le Panthéon et les musées capitolins comptent parmi les visites phare, l’exploration de la città eterna peut aussi prendre des chemins de travers et croiser pléthore de monuments moins connus célébrant la riche histoire – glorieuse ou sombre – de la Grande Italia. Nos cinq balades coups de cœur.

1. La via Appia Antica, un musée à ciel ouvert

Un vrai saut dans l’Antiquité ! Juste au sud du vieux Rome, passée la Porta San Sebastiano, on s’élance à pied ou à vélo – au cœur d’une charmante coulée verte protégée – sur les dalles de basalte bombées de la Voie Appienne, qui portent encore les profondes traces des chariots. Bordé de prestigieux monuments antiques en ruine et d’impressionnantes catacombes chrétiennes, ce tronçon – hors du temps et conservé dans un jus décadent superbe – perpétue sous ses pins parasols, le fantasme de l’Italie éternelle et romantique. Construite dès 312 av. J.-C. pour relier Rome à Capoue (Campanie), puis Brindes (Pouilles), la Via Appia – ruban de 500 km sur 4 m de large – demeure la plus vieille route d’Occident. Mythique, elle vit marcher les légions romaines sur le sud de la Botte, mettre en croix les esclaves révoltés de Spartacus et circuler quantité de marchandises exotiques depuis Brindes, le grand port de l’Orient et des pèlerinages en Terre sainte.

Y aller : avec le bus n°118 depuis la Piazza Venezia ou le Colisée ; et le n°218 depuis la Piazza San Giovanni in Laterano. Accès libre ; certains monuments sont payants.

Location de vélos sur place : ecobikeroma.it.

Parco regionale dell’Appia Antica : parcoappiaantica.it.

Infos visites des monuments antiques : parcoarcheologicoappiaantica.it.

Infos visites des catacombes chrétiennes : Catacombe di San Sebastiano (catacombe.org), Catacombe di San Callisto (catacombe.roma.it) et Catacombe di Santa Domitilla (catacombedomitilla.it).

2. Le couvent des Capucins et son fascinant ossuaire graphique

La crypte des Capucins compte parmi les excursions les plus insolites et les plus étranges que l’on puisse entreprendre à Rome. René Mattes / AGF / ROMA CAPITALE

Enfants et âmes sensibles s’abstenir ! Derrière le palais présidentiel du Quirinal, le Convento dei Cappuccini est surmonté d’une église du XVIIe siècle et recèle une crypte conservant les ossements de 4000 frères, provenant d’un cimetière voisin. Si quelques squelettes ont été reconstitués et vêtus d’une robe de bure, les murs et les voûtes sont ornés d’ossements choisis – crânes, fémurs, bassins, vertèbres, côtes, etc. – décrivant des formes géométriques surréalistes, qui rappellent boiseries et moulures sous des lustres, eux aussi en os humains ! « Je n’ai jamais rien vu de plus frappant », écrivit sérieusement le marquis de Sade en 1775, parlant de cet immense memento mori («N’oublie pas que tu vas mourir» en latin, NDLR), dont les représentations sont très présentes dans la culture transalpine…

Y aller : via Vittorio Veneto, 27. Accès en métro (ligne A), station « Barberini ». Entrée payante.

Infos visite : cappucciniviaveneto.it.

3. La basilique Saint-Clement-du-Latran, mille-feuille millénaire

Le cloître de la basilique San Clemente. Mattes Rene / AGF/ ROMA CAPITALE

« La machina del tempo ! » C’est entre le Colisée et Saint-Jean de Latran – dans le discret quartier médiéval de Rome – qu’on explore ce curieux sanctuaire à trois niveaux d’occupation. D’abord, la basilica superiore du XIIe siècle, à trois nefs soutenues par des colonnes antiques et flanquée d’un petit cloître, brille par son sol «cosmatesque», ses fresques colorées et les superbes mosaïques dorées enrobant son abside. Descendre ensuite l’escalier jusqu’à l’Église primitive du IVe siècle, où subsistent quelques fresques des IXe-XIe siècles, évoquant la vie de saint-Clément. On doit cette découverte au hardi curé de la paroisse qui, en 1857, entreprit des fouilles qui le menèrent – encore plus bas dans les entrailles obscures du monument – jusqu’à ce rustique sanctuaire de Mithra, du IIe siècle. Originaire du Moyen-Orient, le culte de ce dieu – né d’un rocher et lié au sacrifice d’un taureau – avait de nombreux pratiquants dans les armées romaines…

Y aller : piazza di San Clemente. Accès en métro (ligne B), station « Colosseo». Entrée payante.

Infos visite : basilicasanclemente.com.

4. Les installations sportives fascistes du Foro Italico

Stade des marbres du Foro Italico. Riccardo Sala / AGF / ROMA CAPITALE

Une « time capsule » de la folie humaine ! Niché au bord du Tibre, dans le nord de Rome, c’est un complexe sportif inauguré en 1932 pour la jeunesse masculine et conservé en l’état pour mieux montrer l’inconsistance, la faillite de la dictature mussolinienne. L’entrée est marquée par un grand obélisque en marbre blanc de Carrare, inscrit « Mussolini Dux » et dominant l’avenue du forum, au sol recouvert de mosaïques célébrant les valeurs fascistes à force d’images allégoriques et de maximes, dont la rhétorique ne fut pas toujours creuse : « Je jure d’exécuter les ordres du Duce et de servir, avec toutes mes forces et mon sang, la cause de la révolution fasciste ». Et d’autres perles édifiantes, comme « Duce, nous vous dédions notre jeunesse », avec partout ce cri de guerre répété : « Duce a noi » (notre Duce) !

Plus loin, le stade des marbres et le court de tennis, construits sous le niveau du sol, sont cernés de statues en marbre de Carrare figurant des athlètes ciselés selon les canons fascistes. Aussi une piscine couverte et une salle d’escrime d’inspiration rationaliste, et l’immense stade olympique, modernisé pour accueillir les jeux olympiques de 1960 et les compétitions internationales contemporaines. Car ce « lieu de mémoire », siège du Comité olympique italien et de l’université de sport-études, continue à vivre au-delà des polémiques qui tendent à réécrire l’Histoire.

Y aller : en tram n°2 depuis la Piazza del Popolo. Entrée libre.

5. La Centrale Montemartini, écrin industriel pour chefs-d’œuvre antiques

Centrale Montemartini. Mattes René / AGF / ROMA CAPITALE

Contraste saisissant entre les machines et les dieux ! Implantée au sud de la ville éternelle, cette ancienne centrale électrique de 1912 est devenue l’annexe des célébrissimes Musées Capitolins (museicapitolini.org) du cœur de Rome. Entre d’énormes moteurs au mazout, couplés à des dynamos et un entrelacs de tuyaux et de fils électriques connectés à des compteurs et des leviers de commandes, se déploie une collection de statues de dieux dans des postures délicates, des bustes d’empereurs sévères, quelques gracieux satyres… Deux mondes que tout oppose, mais réuni ici dans une harmonie étonnante, née du contraste entre la blancheur du marbre antique et le gris froid de l’acier industriel !

Y aller : via Ostiense, 106. Accès en métro (ligne B), station « Garbatella ». Entrée payante.

Infos visite : centralemontemartini.org.

Infos pratiques

Aller à Rome : les deux aéroports internationaux de Rome (adr.it) – Fiumicino et Ciampino – sont connectés à la France par de nombreux vols réguliers et low-cost.

Office de tourisme de Rome (turismoroma.it). Plusieurs kiosques d’information dans le centre-ville, à la gare Termini et aux deux aéroports.

Office de tourisme de l’Italie (italia.it).

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