Victoires de la musique : le rendez-vous manqué avec le public en salle

Article publié sur lesechos.fr

Cette cérémonie médiatique aurait pu être l’occasion d’un concert test. Il faudra patienter jusqu’en mars-avril et en attendant, l’audiovisuel public est devenu la première scène du monde du spectacle.

Les 35e Victoires de la musique l’an dernier, en public, à la Seine Musicale, peu avant le confinement. (LAURENT VU/SIPA)

Covid-19 oblige, les Victoires de la musique auront lieu dans une Seine Musicale vide, la préfecture des Hauts-de-Seine ayant refusé d’y accueillir du public ce vendredi. Pour les professionnels du spectacle vivant, privés d’activité depuis près d’un an, ce premier concert test, en association avec un laboratoire, se voulait le symbole de la réouverture possible des salles.

Il faudra attendre mars-avril pour mener des expérimentations physiques : en version assise, au Dôme de Marseille, où se retrouveront un millier de jeunes, sous l’expertise de l’Inserm ; en version debout, à Paris, où le syndicat du spectacle, le Prodiss, travaille avec l’AP-HP.

Annulations successives

Des initiatives indispensables alors que les festivals attendent des réponses urgentes et que Solidays vient d’ouvrir le bal des annulations. « Notre voisin espagnol a pratiqué plusieurs concerts tests et commencé à autoriser des festivals en juin. Sans ces événements cet été, cela remettra en question les tournées à l’automne », met en garde Malika Seguineau, directrice générale du Prodiss.

Autant dire qu’après le faste des 35es Victoires , avec ses décors impressionnants et sa flopée de stars, la 36e édition – malgré le soutien de son sponsor depuis vingt ans, le Crédit Mutuel – s’ouvre dans un contexte morose. Son plateau riche de plus de 50 artistes et musiciens, son parrain Jean-Louis Aubert, et son présentateur Stéphane Bern, devraient néanmoins, comme à l’accoutumée, attirer 2,5 millions de téléspectateurs sur France 2 qui retransmettra en direct la soirée.

« L’année dernière était particulière, juste avant le confinement de mars, mais celle-ci est totalement inédite. On s’est battus pour que ces Victoires aient lieu, afin de mettre à l’honneur la musique live, de permettre aux artistes de promouvoir leurs futures tournées et de donner leur chance aux jeunes talents », explique Romain Vivien, président des Victoires.

Si le Concert des Révélations a déjà eu lieu au Casino de Paris, à huis clos aussi, la catégorie Révélation Scène a disparu du palmarès. Tout comme la Victoire du Spectacle vivant de l’année. Et pour cause. A la place, une nouvelle récompense : le Titre le plus « streamé »…

Essor du streaming

Avec les salles fermées, Internet et l’audiovisuel public sont en effet devenus les seules vitrines. A l’instar de Radio France qui s’est mobilisée pour diffuser plus de 700 concerts en 2020, France Télévisions a multiplié par cinq les spectacles sur ses antennes. « Soit plus de 1.500 heures depuis le début de la pandémie », précise Alexandra Redde-Amiel, sa directrice des variétés et du divertissement.

France Télévisions vient aussi de dégager 5 millions pour lancer Culturebox, chaîne éphémère, qui outre les artistes reçus chaque jour, s’appuie sur le catalogue de 500 spectacles et festivals captés par le groupe public – chaque année, il consacre 17,5 millions d’euros aux captations – et sur certains des 800 programmes musicaux d’Arte Concert. « Mais si Culturebox génère des droits pour les auteurs, les artistes, les labels, elle ne change rien pour les producteurs de ces spectacles qui ne perçoivent aucune rémunération », rappelle Malika Seguineau.

Idem sur Internet : voilà pourquoi ils sont frileux à monter des concerts en livestream payant, peu rentables, mais qui, selon le Centre National de la Musique , pourraient occuper une place importante à l’avenir, redéfinissant l’économie du spectacle et ses acteurs.

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