Phil Collins fête ses 70 ans… Retour en musique sur le parcours solo d’une légende pop et rock

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Figure du rock au sein de Genesis, superstar pop dans sa carrière solo, Phil Collins est né le 30 janvier 1951. De « In The Air Tonight » à « Another Day In Paradise », le chanteur et batteur a enchaîné les tubes dans les années 80 et 90… Flashback.

Phil Collins sur scène le 7 juillet 2007 à Londres, lors du concert du « Live Earth » (DANIEL DEME / DPA / EPA / MaxPPP)

Phil Collins est né le 30 janvier 1951 à Chiswick, dans l’ouest de Londres. Après des débuts au sein du groupe Flaming Youth, il rejoint en 1970 le groupe de rock progressif Genesis en tant que batteur, mais aussi choriste. Après le départ du chanteur Peter Gabriel en 1975, Phil Collins accepte de reprendre le flambeau, le groupe ne parvenant pas à trouver un successeur à Gabriel. Il joue en parallèle dans le groupe fusion Brand X. Au fil du temps, Genesis assume une nouvelle orientation artistique, plus pop, au risque de perdre des fans de la première heure, et séduit un public de plus en plus large. Formidable batteur, excellent chanteur, Phil Collins mène bientôt plusieurs carrières de front : chanteur de Genesis, artiste solo, acteur, compositeur de musiques de films… Dans les années 80 et 90, il est au firmament.

Ces dernières années, Collins a connu de nombreux problèmes de santé, et notamment de dos, qui l’empèchent de jouer de la batterie. Sur scène, il se résigne à chanter assis. Alors que sa tournée de retrouvailles avec Genesis, The Last Domino? Tour, avec son fils Nic à la batterie, reportée pour cause de Covid-19, a été reprogrammée en septembre 2021, revisitons la foisonnante carrière solo de Phil Collins.

In The Air Tonight (1981)

Premier tube planétaire de Phil Collins en son nom propre, In The Air Tonight est le morceau d’ouverture de son premier album solo, et probablement la chanson la plus puissante de sa carrière personnelle. Phil Collins écrit l’album Face Value durant une pause avec Genesis, alors qu’il est en plein divorce de sa première épouse. De fait, le batteur-chanteur y injecte beaucoup d’éléments personnels, à commencer par sa colère. Les paroles de la chanson s’adressent à quelqu’un et expriment une rage intense : « Si tu me disais que tu étais en train de te noyer, je ne te tendrais pas la main (…) J’étais là et j’ai vu ce que tu as fait, de mes propres yeux. Alors efface ce sourire, je sais où tu étais. Ce n’est qu’un paquet de mensonges. » Outre la rage, l’album exprime aussi de l’amertume et de la tristesse dans la ballade désespérée If Leaving Me Is Easy à la fin du disque. Chez Phil Collins, les chansons d’amour sont le plus souvent écrites à la première et la deuxième personne du singulier, comme un message mis en musique.

I Missed Again (1981)

« Air micro », « air drums », « air guitar », c’est tout un orchestre que Phil Collins s’amuse à mimer dans le clip de cet autre tube de l’album Face Value, une chanson qui illustre son penchant pour les arrangements de cuivres qui seront de plus en plus présents dans les albums suivants. Le saxophoniste de jazz Ronnie Scott y fait un solo instrumental. I Missed Again s’intitulait au départ I Miss You Babe, avec des paroles plus tristes, toujours liées à la crise personnelle que Collins traversait. Il la réécrit finalement et y met beaucoup plus de légèreté. Cela lui permet de s’offrir un clip où perce l’autodérision dont il fera preuve dans bien d’autres vidéos, aussi bien pour ses propres chansons qu’avec Genesis.

You Can’t Hurry Love (1982)

En novembre 1982, Phil Collins sort l’album Hello, I Must Be Going, véritable réservoir de tubes dont une reprise d’un standard de la Motown, You Can’t Hurry Love (Holland/Dozier, 1966), succès des Supremes, le trio de Diana Ross. Phil Collins aime revisiter le répertoire pop, rock et soul qui l’a influencé dans sa jeunesse. Dans son premier album, il a repris Tomorrow Never Knows des Beatles. Bien plus tard, en 1998, il glissera dans une compilation la reprise de True Colors (Steinberg/Kelly), classique de Cindy Lauper (1986). Et en 2002, dans l’album Testify, il reprendra Can’t Stop Loving You (Billy Nichols, 1977), chanson devenue un tube via la version de Leo Sayer (1978).

Thru’ These Walls (1982)

Chanson rock, très sombre, de l’album Hello, I Must Be Going, le titre Thru’ These Walls parle d’un individu solitaire qui entend les activités sexuelles nocturnes du voisinage à travers les murs de son appartement. Par sa noirceur et les effets de réverbération de son jeu de batterie, notamment sur les refrains, la chanson évoque le souvenir d‘In The Air Tonight

I Cannot Believe It’s True (1982)

Parmi les plus séduisantes ballades « eighties », à la fois pop et funk, de Phil Collins, portée par une section attrayante de cuivres, I Cannot Believe It’s True figure également dans l’album Hello, I Must Be Going. Malgré son climat et son tempo enjoués, la chanson évoque une rupture. En matière de ballades, dans un registre beaucoup plus calme et intériorisé, on signalera deux douceurs dans le même album : Why Can’t It Wait Till Morning et, dans un genre plus pop, Don’t Let Him Steal Your Heart Away.

I Don’t Care Anymore (1982)

Le titre rageur I Don’t Care Anymore, morceau d’ouverture de l’album Hello, I Must Be Going, demeure à ce jour l’un des emblématiques de Phil Collins, de par sa performance vocale, ses effets de batterie, ses notes longues au synthétiseur – si caractéristiques – et surtout ses paroles lapidaires : « Eh bien, tu peux dire à tout le monde que je suis une honte, faire circuler mon nom partout, je n’en ai plus rien à faire… » Une chanson qui semble avoir été écrite dans la foulée de son divorce douloureux.

Against All Odds (1984)

Quiconque disposait d’une radio branchée sur la bande FM en 1984 ne peut pas avoir échappé à cette ballade envoûtante. Écrite à la même époque que les chansons de Face ValueAgainst All Odds figure dans la bande originale du film du même titre (Contre toute attente en français), réalisé par Taylor Hackford, un thriller romantique qui mettait en scène Rachel Ward (vedette de la série Les Oiseaux se cachent pour mourir, Jeff Bridges et James Woods). Phil Collins côtoyait du beau monde dans cette bande originale : ses vieux complices de Genesis Peter Gabriel (ancien leader du groupe) et Mike Rutherford, mais aussi Stevie Nicks (Fleetwood Mac). Un an plus tard, Collins offrira sa voix à une autre ballade – très sucrée, mais qu’il n’a pas écrite – pour un autre film de Hackford, White Nights (Soleil noir), Separate Lives, une chanson interprétée en duo avec Marilyn Martin.

Easy Lover (1984)

Énorme tube de l’année 1985 en Europe (il est sorti un peu plus tôt aux États-Unis), le très entraînant Easy Lover demeure le plus célèbre duo de Phil Collins, enregistré avec le chanteur américain Philip Bailey, l’une des voix du groupe Earth, Wind & Fire. La chanson est sortie sur l’album solo Chinese Wall (1984) de Bailey.

Take Me Home (1985)

Probablement la plus belle chanson de l’album No Jacket Required (1985), autre usine à tubes de la discographie de Phil Collins, Take Me Home emmène le chanteur, parti faire un simple tour en voiture, aux quatre coins du monde… « J’étais à Tokyo, Sidney, New York, Londres… », répond Collins à une voix féminine qui lui demande où il était passé, à peine de retour chez lui. « Tu étais au pub, n’est-ce pas ! », rétorque la voix… Un clip rafraîchissant et dépaysant, surtout par les temps qui courent.

Don’t Lose My Number (1985)

Tube irrésistible de l’album No Jacket RequiredDon’t Lose My Number est servi par un clip parodique, truffé de références pop. Le chanteur y rencontre des réalisateurs qui lui soumettent des scénarios, justement, pour le clip de la chanson… Or, ces scénarios ressemblent de manière troublante à un western, à un Mad Max, à des clips sortis à peine deux ans plus tôt comme Every Breath You Take de Police ou I’m Still Standing d’Elton John…

One More Night (1985)

One More Night, ballade languissante et aigre-douce de l’album No Jacket Required, a connu un énorme succès à sa sortie en 45 tours (single) au printemps 1985 en Europe, quelques mois après sa sortie américaine. La chanson s’achève par un beau solo de saxophone interprété par Don Myrick, qui était membre du groupe Earth, Wind & Fire et qui apparaît dans le clip.

Sussudio (1985)

On ne peut pas tourner la page de l’album No Jacket Required sans évoquer son morceau d’ouverture, l’explosif Sussudio et son festival de cuivres. Phil Collins racontera plus tard qu’il a improvisé les paroles – dont le titre – alors qu’il faisait des expériences sur une boîte à rythmes. Une autre chanson de l’album, au punch redoutable, est bien connue des supporters du PSG : la version live de Who Said A Would accompagne l’entrée sur le terrain des joueurs parisiens au Parc des Princes.

A Groovy Kind Of Love (1988)

Ballade imparable de l’année 1988, A Groovy Kind Of Love est une reprise délicieuse d’une chanson composée à l’origine par l’Italien Muzio Clementi (1752-1832), adaptée au XXe siècle par les songwriters américains Toni Wine et Carole Bayer Sager. Phil Collins, qui tournait en 1988 le film Buster de David Green, a suggéré d’inclure la chanson dans la bande originale, ainsi qu’un autre titre qu’il a cosigné, Two Hearts, un titre très inspiré de la Motown, qui connaît un grand succès en 1989. Dix ans plus tard, en 1999, Phil Collins composera la musique du film d’animation Tarzan de Disney. Il remportera l’Oscar de la meilleure chanson originale avec You’ll Be In My Heart. En 2003, il participera activement à une autre bande originale de Disney, celle du film Frère des ours (Brother Bear) avec des titres comme No Way Out et Look Through My Eyes.

Another Day In Paradise (1989)

Morceau phare de l’album … But Seriously (1989), Another Day In Paradise aborde – ce qui n’est pas courant chez Collins – un sujet de société : les sans-abri. « Penses-y à deux fois, c’est un autre jour au paradis pour toi et moi », répète le refrain de la chanson qui évoque ces personnes que l’on croise dans la rue, qui réclament parfois de l’aide, alors que les passants font mine de ne pas les entendre et s’éloignent « sans se retourner », ‘l’air gêné ». Cette chanson possède son alter ego troublant dans le répertoire de Genesis : Man On The Corner, écrit par Collins et sorti en 1982 dans l’album Abacab.

I Wish It Could Rain Down (1989)

Somptueuse ballade sentimentale de l’album … But Seriously, la chanson I Wish It Would Rain Down a été enregistrée avec un invité de marque : Eric Clapton, ami de Phil Collins. Le clip scénarisé, en noir et blanc, évoque les rêves de gloire d’un obscur batteur, Bill Collins, qui remplace au pied levé un chanteur lors d’une répétition d’une comédie musicale. C’est Clapton lui-même qui souffle son nom au metteur en scène irascible : « Il était batteur dans un très bon groupe, et quand le chanteur est parti, il l’a remplacé », plaide-t-il dans un joli clin d’œil à l’histoire de Genesis. Du coup, un préposé au ménage est catapulté à sa place à la batterie, Chester, qui n’est autre que Chester Thompson, qui a été très longtemps le compagnon de route de Phil Collins en solo, et de Genesis en tournée. L’album renferme d’autres ballades très efficaces, That’s Just The Way It Is et Do You Remember, ainsi qu’un titre très pop, Something Happened On The Way Ti Heaven, dont l’intro semblera familière à pas mal de monde…

Everyday (1993)

Everyday est une jolie ballade extraite de l’album Both Sides (1993), dans lequel on retrouve aussi le titre plus rock, Both Sides Of The Story, à conotation sociale. Après cet album, Phil Collins sortira un autre album en 1996, Dance Into The Light, avec son single éponyme très dansant.

Wake Up Call (2002)

Morceau d’ouverture de l’album Testify (2002), le séduisant Wake Up Call aurait toute sa place dans l’un des disques du Genesis de Collins des années 80-90. Le clip se permet un clin d’œil humoristique au groupe qui était alors séparé… et un message aux fans et aux médias. Collins, qui arpente gares et rues en « lanceur d’éveil », est acosté par une foule qui lui pose plein de questions, dont l’une d’elle, « Est-ce que Genesis va se reformer ? », suscite un regard agacé de l’intéressé… Et pourtant : cinq ans plus tard, Phil Collins rempilait pour une grande tournée avec ses vieux complices…

Testify est à ce jour le dernier album solo de compositions originales de Phil Collins. En 2010, le chanteur a consacré son dernier album studio, Going Black, à des reprises puisées dans le répertoire Motown et soul. En 2016, ses disques ont été proposés à la vente avec des pochettes actualisées sur la thématique « Take a look at me now » (« jetez un œil sur moi maintenant », une citation d’Against All Odds) : Collins a été photographié dans les mêmes conditions que pour l’album original… mais avec son apparence d’homme mûr.

Bonus : Phil Collins en lead vocal pour la 1re fois avec Genesis, en 1971

Recruté comme batteur en 1970 par Genesis, Phil Collins n’a pas tardé à dévoiler ses aptitudes de chanteur. Dès le premier album du groupe auquel il a participé, le jeune homme chantait en solo sur For Absent Friends et partageait le lead vocal avec Peter Gabriel sur Harold The Barrel et Harlequin. Les prémices d’une longue carrière…

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