Article publié sur leparisien.fr
Après le clone anglais et le mutant sud-africain, c’est au tour d’une variante apparue au Brésil d’être scrutée par les scientifiques du monde entier. Elle pourrait diminuer l’efficacité de la vaccination.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a convoqué en urgence une réunion pour se pencher sur ces nouvelles souches du virus. REUTERS/Adriano Machado
Manaus, ville du nord-est du Brésil, a fait figure de ville martyre du Covid-19 il y a neuf mois. A tel point qu’une étude récente estime que 76 % de ses habitants posséderaient désormais des anticorps. C’est aussi de cette métropole de plus de 2 millions d’habitants que serait issu le « variant brésilien », dernier d’une série d’évolutions du SARS-CoV2 qui inquiète le monde scientifique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a convoqué en urgence une réunion pour se pencher sur ces souches.
Pourquoi les virus mutent-ils ?
Les virus évoluent. Rien d’anormal. Dans le cas du Covid-19, 12 000 mutations ont à ce jour été identifiées. Plus un virus circule et plus les risques de transformation sont importants « Après un an, il s’installe une sorte de danse à trois, entre le virus, son récepteur sur la cellule humaine et les anticorps », décrit Olivier Schwartz, directeur de l’unité virus et immunité pour l’institut Pasteur.
Dans ce cas, les vaccins resteront-ils utiles ?
« En laboratoire beaucoup d’équipes dont la nôtre étudient le mécanisme de ces mutants, explique Olivier Schwartz. A ce stade, il semble que ces lignées de virus peuvent échapper à quelques anticorps, mais probablement pas à la panoplie déployée par un malade ou un vacciné », estime-t-il.
Pour François Balloux, directeur de l’Institut de génétique de l’University College de Londres, le mutant tropical « semble plutôt diminuer légèrement les réponses immunitaires ». Un vaccin efficace à 90-95 % resterait efficace, mais à 85-90 %. Il faudra peut-être tout de même envisager de modifier les recettes des produits immunisants. « Ce ne sera pas la fin du monde, insiste François Balloux. On pourrait imaginer une injection bisannuelle ou tous les trois ans pour les personnes les plus fragiles. »
« Les vaccins Moderna et Pfizer semblent efficaces contre le variant anglais, et assez rapidement adaptables contre les variants sud-africains et brésiliens », signale de son côté Bruno Canard. Si l’OMS se penche sur ces mutants ce vendredi, c’est aussi pour répondre à cette épineuse question : des sérums adaptés aux variants sont-ils de nouveaux vaccins ? Car, si on les considérait comme tel, il faudrait reprendre les trois longues phases de test depuis le début ?