Article publié sur connaissancedesarts.com

©Pixabay/ Sumanley xulx
Ce soir, lors de son allocution, le Premier Ministre Jean Castex a annoncé, comme l’on s’y attendait, que les lieux culturels n’étaient pas encore autorisés à accueillir du public. La réouverture des musées, cinémas, salles de théâtre et de spectacle n’est pour l’heure pas envisagée avant le début du mois de février.
Depuis la semaine dernière, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, et Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, préparaient le terrain. Ce soir, jeudi 7 janvier, date attendue de la « revoyure » (comprendre d’un nouvel examen des conditions sanitaires), Jean Castex a confirmé que les lieux de culture, fermés depuis la fin octobre, ne pourraient pas rouvrir leurs portes dans l’immédiateté, compte tenu de la progression actuelle du niveau de contamination (évalué à environ 15 000 cas supplémentaires par jour). Les musées, centres d’art et monuments historiques ouverts à la visite, ainsi que les cinémas, les salles de spectacles et de théâtre, ne pourront donc pas accueillir de public avant le début du mois de février, et suivant des méthodes d’accueil adaptées. Le gouvernement examinera de nouveau la question de ces réouvertures le 20 janvier prochain.
De nouveaux protocoles d’accueil
Le 10 décembre, Jean Castex annonçait que les lieux culturels ne pourraient pas rouvrir, comme prévu, le 15 décembre et donnait alors le 7 janvier comme date de « revoyure ». Un os à ronger lancé aux professionnels et consommateurs de culture pour les fêtes de fin d’année, en somme. Échaudés, ces derniers voulaient encore croire à un miracle du Nouvel An. Les voilà donc bien déçus. Le niveau de contamination au Covid-19 en France demeure à ce jour trop élevé pour relâcher la pression et assouplir les restrictions sanitaires mises en place à l’automne. On comprend évidemment que le gouvernement cherche à limiter, autant que faire se peut, la flambée épidémique attendue dans les semaines à venir. D’autant plus, ainsi que le souligne Olivier Veran, ministre de la Santé, que celle-ci pourrait être nettement aggravée par la diffusion sur le territoire français de nouvelles variantes du virus, comme cela est le cas actuellement en Grande-Bretagne.

Les préparations d’expositions et la politique de prêts et d’acquisitions des musées vont pouvoir se poursuivre durant le reconfinement. Photo : Pyramide inversée du musée du Louvre ©Unsplash/Maryline Waldy
En effet, comme le rappelait Roselyne Bachelot, lors d’une interview sur BFM TV le 11 décembre, « les salles de spectacle ne sont pas des lieux dangereux » mais « le problème est le brassage de population ». Les protocoles sanitaires mis en place par les institutions, si drastiques soient-ils, ne permettent pas d’assurer actuellement la sécurité des publics. Non essentiel, bien que remplissant une mission d’intérêt public, le lieu culturel est donc victime de ce qui fait sa raison d’être : être un espace de rencontre avec les arts et de partage. La seule solution pour envisager une réouverture en février est la mise en place de nouveaux protocoles d’accueil, auxquels le ministère de la Culture et les acteurs du secteur seraient en train de travailler.
Adieu Beardsley !
Du côté des conséquences immédiates de cette annonce pour les musées, c’est tout une série d’expositions qui va être sacrificiée (Adieu Beardsley au musée d’Orsay, Brauner au musée d’art moderne de Paris ou l’âge d’or de la peinture danoise au Petit Palais !), sans parler du report des inaugurations de nouveau lieux tels que la Bourse de Commerce-Pinault (prévue le 23 janvier), la Samaritaine, le musée Carnavalet à Paris ou encore la Fondation Pernod Ricard (d’ores et déjà reportée au 6 mars). Cette instabilité de début d’année ne fait qu’aggraver la situation déjà précaire de nombreux établissements. Les chiffres bilan de 2020 communiqués ces derniers jours par les musées permettent de mesurer les pertes conséquentes auxquelles ils doivent faire face. Le Centre Pompidou et le musée de l’Armée à Paris, par exemple, qui n’ont pu ouvrir qu’une centaine de jours cette année, accusent ainsi une baisse de fréquentation de 72 %…
Les musées prioritaires
Si l’on n’ose encore croire véritablement à une réouverture au mois de février, on peut du moins se réjouir que les musées puissent « être les premières structures à rouvrir », comme l’a déclaré hier Roselyne Bachelot au micro de RTL, ajoutant que « la réouverture des musées, l’éducation artistique et culturelle sont prioritaires ». Mais encore faut-il que les visiteurs soient au rendez-vous…
Car, au fil de ces longs mois, on a fini par s’habituer aux rideaux baissés sur les salles obscures et au spleen des affiches de spectacles dans le métro. Certains ont encore un petit pincement au cœur en imaginant ces milliers œuvres en quête de regard dans la solitude des musées. Tout doucement, on en est même venu à perdre cette vilaine habitude de se demander quel film ou quelle expo on irait bien voir ce weekend… Bref, parce que la culture, ce n’est pas essentiel, on a appris à prendre notre mal en patience à grand renfort de livres, de replay et de visites en ligne, qui, s’ils ne remplacent pas l’expérience au musée, nous ouvrent un monde infini de connaissances qu’il nous revient d’explorer, d’assimiler et de remettre en question. Retrouverons-nous nos habitudes du monde d’avant ?