Berlin met la pression sur l’Union européenne pour interdire les séjours de ski

Article publié sur letemps.ch

La volonté de l’Allemagne fait face à l’opposition de l’Autriche et à la colère des stations de ski. Le président de la Bavière, Markus Söder, plaide pour la mise en place d’un accord européen pour éviter une concurrence déloyale

Un sujet explosif avant les fêtes de Noël: l’Allemagne va demander à l’Union européenne d’interdire jusqu’au 10 janvier les séjours de ski, sources de plusieurs foyers épidémiques l’hiver dernier. Au terme de plus de sept heures de discussions, Angela Merkel et les 16 Etats régionaux ont décidé de se tourner vers l’Europe, dont l’Allemagne assure jusqu’à la fin de l’année la présidence du Conseil.

Le taux d’infection en Allemagne atteignait ainsi mercredi 139,6 pour 100 000 habitants, loin de l’objectif de 50/100 000. La barre du million de cas officiellement recensés devrait être franchie dans les tout prochains jours.

Dans ce contexte, les Allemands sont fermement invités à ne pas se rendre à l’étranger durant les fêtes de Noël et à proscrire les séjours de ski. «Il convient d’éviter tous les déplacements professionnels et privés non essentiels, en particulier les déplacements touristiques, y compris les déplacements à l’étranger en vue de la saison de ski», stipule le texte négocié par Angela Merkel et les 16 Länder. «Le gouvernement est invité à travailler au niveau européen pour que le tourisme de ski ne soit pas autorisé avant le 10 janvier.»

Mesures similaires en Italie et France

Interrogée sur la démarche que va mener l’Allemagne auprès de l’UE, la chancelière a toutefois reconnu que ce n’était pas gagné: «Je vais être honnête avec vous, ce ne sera probablement pas facile, mais nous allons essayer».

L’Italie et la France ont pris des mesures similaires, suscitant la colère des professionnels du secteur. En France, un protocole sanitaire était pourtant peaufiné depuis des semaines en cas de réouverture des stations, un enjeu crucial pour le secteur de l’or blanc – 350 stations en France, 10 milliards de retombées économiques, 120 000 emplois saisonniers – qui réalise 13,5% de sa fréquentation lors de l’avant-saison et 13% environ à Noël. Mais c’est aussi là qu’un des premiers foyers épidémiques avait été identifié l’hiver dernier, aux Contamines, près de la frontière suisse.

La Bavière, dans le sud-est de l’Allemagne, avait devancé cette interdiction mise en garde en annonçant mardi la fermeture de ses stations à Noël. «Nous ne pouvons tout simplement pas passer des vacances de ski classiques», avait justifié Markus Söder, dirigeant conservateur de cette région, invitant les autres pays européens à faire de même.

La Bavière et ses pistes sont particulièrement prisées durant les fêtes de fin d’années par de nombreux vacanciers allemands et étrangers.

L’Autriche prévoit l’ouverture de ses pistes

Markus Söder, un des favoris pour succéder en 2021 à Angela Merkel à la chancellerie, avait plaidé dès mardi pour la mise en place d’un accord européen pour éviter une concurrence déloyale pour attirer les skieurs. «Pas de remontées mécaniques ouvertes, pas de vacances (de ski) nulle part», avait-il martelé.

L’Autriche voisine est particulièrement visée, d’autant qu’une de ses stations réputées, Ischgl, a été un important foyer de contamination cet hiver, des skieurs venus de toute l’Europe y ont été contaminés. Mais l’Autriche est sur une toute autre ligne et prévoit l’ouverture de ses pistes.

«Je peux vous dire que si quelqu’un va courir seul, c’est tout aussi dangereux que si quelqu’un va faire une randonnée à ski seul», a déclaré le chancelier Sebastian Kurz mercredi. «Les vacances d’hiver en Autriche seront sûres. Nos stations disposent déjà de procédures de sécurité complets pour les vacances au ski», a renchéri la ministre du Tourisme, Elisabeth Köstinger.

Un commentaire

  1. Une SUPERBE idée. Il y a autre chose à faire que du ski en cette période déjà bien compliquée. Oulala, je ne vais pas me faire que des amis. Pourtant, il y a quarante ans que je skie et même si cela me peine, je n’irai pas, pas plus que ma famille qui était à Avoriaz l’an dernier, mais nous respecterons les consignes solidaires. La vie en société passe par là, pas par une soif exacerbée de liberté au préjudice de son prochain. Bonne journée. #Solidarité

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